Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps. La réponse est oui, il est possible de télétravailler en intérim.
La règle générale est que les intérimaires doivent bénéficier des mêmes conditions de travail que les salariés permanents (à poste équivalent).
Si ces derniers ont droit au télétravail, alors les intérimaires aussi.
Contrairement aux idées reçues, l’intérim ne concerne pas uniquement des emplois manuels, qui nécessitent de travailler sur site.
Le secteur tertiaire, par exemple, qui comprend une majorité d’emplois de bureau, a régulièrement recours à l’intérim afin de pourvoir des postes comme des chargés de RH, des conseillers commerciaux, des techniciens informatique, des téléconseillers, des chargés de SAV ou même des auxiliaires de vie.
Le fait d’accepter le télétravail pour certains et de le refuser pour d’autres ne doit en aucun cas être fondé sur un critère discriminatoire, mais sur un critère objectif seulement : la mission peut-elle être effectuée en télétravail ?
Pour qu’une différence de traitement entre salariés soit valable légalement, elle doit reposer sur une raison objective et pertinente. Deux salariés occupant un poste équivalent, ayant les mêmes contraintes vis-à-vis du télétravail, ne peuvent pas subir d’inégalité de traitement.
Donc en résumé, si leur mission le permet et que les salariés permanents y ont droit, le télétravail est tout à fait envisageable pour les salariés temporaires.
Ces missions sont toutefois plus rares. En 2021, 22 % des salariés ont recouru au télétravail au moins une fois par semaine, selon l’Insee. Ce chiffre atteint seulement 3 % pour les intérimaires.
Comme tous les salariés, l’intérimaire bénéficie de tous les avantages du télétravail :
Le télétravail permet de mieux gérer et mieux vivre son quotidien, en conciliant plus facilement sa vie professionnelle et sa vie personnelle. En effet, l’intérimaire a tout loisir de s’adonner à ses activités personnelles pendant ses pauses, comme le sport, les tâches ménagères, la lecture, etc.
Le télétravail réduit aussi considérablement le stress du salarié, en supprimant les trajets domicile-travail et en lui évitant les inévitables embouteillages de début et fin de journée.
Enfin il offre un environnement de travail calme (au contraire des bureaux partagés bruyants), dans lequel l’intérimaire peut se concentrer pleinement et mener sa mission à bien, de la meilleure façon.
En revanche, si l’intérimaire a droit au télétravail, celui-ci a aussi des devoirs.
Le salarié temporaire a la responsabilité de prendre soin de chacun des équipements et matériels que lui confie l’entreprise utilisatrice (EU). Si besoin, il doit lui notifier, dans les plus brefs délais, les pannes et dysfonctionnements éventuels.
De même, l’intérimaire doit s’assurer de rester en conformité avec la réglementation sur la protection des données administratives en vigueur et avec les restrictions qu’exige l’entreprise utilisatrice quant à l’utilisation des outils informatiques.
On l’a vu. Si l’entreprise utilisatrice (EU) accepte le télétravail pour ses employés permanents, elle n’a aucun droit de le refuser pour ses salariés intérimaires (à emploi équivalent).
Et elle aurait tort car le télétravail lui offre aussi de nombreux avantages.
La généralisation de cette pratique permet à l’EU de générer des économies substantielles sur ses frais généraux, les intérimaires étant moins amenés à se rendre dans les locaux.
Elle enregistre aussi un taux de retard beaucoup moins important car les salariés sont dispensés des trajets domicile-travail chronophages et laborieux.
Enfin, l’entreprise voit la productivité de ses employés s’accroître tant ceux-ci sont moins stressés, plus concentrés et globalement plus satisfaits de leur confort de vie.
Tout comme les salariés, l’entreprise utilisatrice a aussi des devoirs.
Elle se doit de fournir les services et matériels nécessaires dans le cadre de l'annonce qu’elle a publiée.
Si la mission permet le télétravail, l’EU est obligé de vérifier que l’intérimaire dispose des conditions de travail suffisantes pour effectuer sa mission : bonne connexion internet, un ordinateur, une webcam et un micro si besoin, et les différents logiciels spécifiques. Elle peut prêter le matériel si l’intérimaire ne le possède pas.
L’entreprise doit aussi fournir aux télétravailleurs un service d’appui technique et les tenir informés des restrictions d’utilisation du matériel mis à disposition.
Enfin, elle doit s’assurer que le salarié temporaire ait bien reçu des objectifs clairs, qu’il bénéficie d’un suivi régulier et dispose d’un accès à toutes les informations dont il peut avoir besoin dans le cadre de sa mission.